Sortie de 220 bornes un vendredi 13
Par Entraînements - Cet article a été lu 4914 fois. Commentaires : 5 .
le mercredi 18 septembre 2013 14:43 -Je viens de passer le cap des 100000kms à vélo et pour fêter dignement cela, je me suis lancé un objectif, ma première sortie de 200 bornes, en solo. Je n'ai jamais fait plus de 180kms, c'était lors de l'Etape du Tour 2010 avec 4300m de dénivelé et pas mal de monde.
J'ai donc profité d'une visite en famille à Perpignan pour m'y rendre en vélo, pendant que ma femme et mon petit Lilian y sont allés en voiture.
Plus exactement, de Castelnau d'Estrétefonds (20kms au nord de Toulouse) jusqu'à Saint Estève, un village à côté de Perpignan. Au menu, 220kms et environ 1700m de dénivelé.
Une première pour moi, surtout totalement seul. Mais je m'y suis préparé et je reste motivé pour environ 8h de selle (26 de moyenne). En faisant attention à ne pas se mettre dans le rouge et en mangeant bien, y'a pas de raison de ne pas arriver au bout.
De Toulouse à Perpignan à vélo
J'ai ressorti la sacoche que j'avais utilisé lors de la traversée des Pyrénées afin d'emporter pas mal de ravitaillement, ainsi que ma lampe, puisque j'ai prévu un départ entre 6h et 6h30, il faudra donc rouler 1h au moins dans le noir.
Et une fois que je n'aurai plus besoin d'éclairage, la batterie de la lampe me servira à recharger mon téléphone via l'adaptateur de recharge USB Sigma Iicon car je compte mettre environ 8h et au bout de 6h, mon téléphone sera proche de 10% de batterie. Avec Strava et Road Bike Pro lancés, la batterie descend assez vite. Strava pour enregistrer mon parcours et les segments (même si je n'y vais pas pour battre des records) et Road Bike Pro, afin que ma femme puisse visualiser en direct sur son ordinateur où j'en suis exactement.
Pour plus de confort et de sécurité, j'échange mes pneus Veloflex par des Hutchinson Fusion 3 Kevlar Pro Tech 700x25. Le périple va être assez long, si je peux m'éviter la corvée de crevaison, ça serait mieux.
La tramontane est annoncée, j'aurai donc le vent de dos tout le long, c'est toujours ça de pris. Temps couvert au départ.
Départ à 6h30
J'avais prévu de partir à 6h30...je suis parti à 6h29mn55s. Je suis donc dans les temps.
Une fois n'est pas coutume, je n'ai pas pris mon petit-déjeuner habituel, mais un gâteau de l'effort de chez Punch Power, le bio-cake goût amande. C'est bon, la journée commence bien.
En sortant le vélo, je vois que la route est mouillée mais il ne pleut pas. Mais dans le doute, je prends quand même ma veste pluie Mavic. Mieux vaut s'alourdir de quelques grammes que d'être trempé. Et bien m'en a pris, car au bout de 20kms, il pleut. Pas très fort, on va dire une grosse bruine, mais suffisant pour que ça mouille.
Une fois le jour levé, ça va mieux pour voir le paysage....même si le ciel très bas ne permet pas d'admirer grand chose.
Peu après avoir pris cette photo, je me fais courser par un chien. Il voulait peut-être seulement jouer (il ne doit pas voir grand monde dans ce coin reculé du Lauragais), mais moi, je n'avais pas spécialement envie de jouer et je n'avais pas de baballe à lui envoyer. J'ai donc dû me faire un sprint pour le larguer.
La progression se passe bien, et je croise deux écureuils...dont un vivant ! Le second faisait la sieste depuis plusieurs jours sur la route :-(
C'est vallonné mais ça passe bien. Mais je fais toujours attention à ne pas trop en faire, surtout que le vent n'est pas encore favorable. Il souffle peu, mais de face. Après être passé par Saint Félix Lauragais, direction Castelnaudary.
100000kms
Castelnaudary, tout le monde descend ! Il ne pleut plus, ça fait déjà 3h30 que je pédale sous la bruine et je viens de parcourir 88kms à 26.1km/h de moyenne (reste donc 132kms). Je suis sur ce que j'avais prévu....mais même si je ne fais que 24 de moyenne, le tout est d'arriver.
Mais le plus important, c'est que je viens à l'instant de franchir les 100000kms. En fait, c'était il y a 2kms, mais vu le temps gris, j'ai préféré faire la photo devant le panneau de la capitale mondiale du Cassoulet.
Ce n'est pas une raison pour fêter ça avec un ravito-cassoulet. A 10h du matin, ça risque de ne pas trop bien passer et ce n'est sans doute pas le mieux pour finir mon périple.
Le temps de faire une photo et de retirer la veste pluie et je repars, en direction de Limoux. Le vent commence à se lever et devient favorable. Ca m'aide dans ma progression et ça fait sécher la route.
De longues lignes droites avec des bosses se présentent sous mes roues, mais le moral est au beau fixe.
43kms séparent Castelnaudary de Limoux et je vais les parcourir à 27 de moyenne malgré les 280m de dénivelé. Il ne me reste qu'un demi-bidon, alors je cherche une fontaine à chaque traversée de village, mais rien. Mais je me dis que je trouverai bien à Limoux !
Limoux
Déjà 130kms de parcourus, 5h15 de selle et presque 27 de moyenne. Mais le plus dur m'attend côté dénivelé. Il est 11h45, j'en profite pour manger un Cooky Punch Power. Ca change des barres et ça cale un peu plus. J'ai trouvé des WC publics, j'en profite aussi pour refaire le plein des bidons.
Après cet arrêt de 5mn, direction Alet les Bains et Couiza. La route serpente et monte un peu sur 13kms. Puis arrivé à Couiza, direction à gauche et les choses sérieuses commencent avec une jolie montée vers Rennes le château. 3kms à 6.5% de moyenne. Je suis bien content d'avoir mis mon 39x27 au lieu du 39x25.
Il se met à légèrement bruiner, mais vu comme ça grimpe, c'est plutôt agréable. A partir de là, j'aurais beaucoup moins de circulation. En haut, pas de panneau à une bifurcation, je continue à monter à droite. Erreur, fallait prendre à gauche. Je m'en aperçois assez vite, je ne ferai que 2kms de plus.
Bugarach, serait-ce la fin du monde ?
Au bout de 162kms et 7h de selle, j'arrive à Bugarach, village qui a fait la une des médias récemment puisque selon beaucoup d'illuminés, c'était l'un des seuls endroits sur terre qui serait épargné par la fin du monde. Ouf, me sens mieux de suite.
Un village vraiment paumé avec son fameux pic que je ne verrai même pas la faute aux nuages, toujours aussi bas.
1340m de dénivelé déjà et je vois que ce n'est pas terminé puisque à la sortie de Bugarach, ça monte et je ne vois pas de sommet. Gloups. Heureusement, il ne reste que 60kms. Je sais qu'au niveau des Gorges de Galamus, ce sera presque terminé et ça descendra, vent de dos, jusqu'à mon point d'arrivée.
Premiers cols de l'année
A la sortie de Bugarach, c'est en fait le col du Linas qui se présente à moi. 4.5kms à seulement 4.6%. Mais j'ai déjà plus de 7h de selle.
Ca redescend ensuite et je franchit un second col 15mn après le premier, le col de Bancarel. Tout va bien, je ne ressens pas les effets du manque d'oxygène lié à l'altitude ;-)
Au loin à droite, je vois des coins de ciel bleu. Ça tombe bien, c'est là que je dois aller !
Ça remonte le moral, car du KM 145 au KM 180, ça aura vraiment été long. 720m de dénivelé en 35kms, avec un ciel gris, paumé au milieu de la campagne.
Gorges de Galamus
Peu après le col de Bancarel, je bifurque à droite, direction Saint Paul de Fenouillet, via les Gorges de Galamus. Comem vous pouvez le voir sur la photo, c'est seulement à partir de là que j'aurais le soleil, après 175kms et 7h30 de vélo. La température passe rapidement de 18 à 24°.
Les Gorges de Galamus sont un passage très étroit (la route n'est assez large que pour une seule voiture) entre l'Aude et les Pyrénées Orientales sur 1,5kms.
L'occasion pour moi de constater le défaut des altimètres basés sur le GPS grâce à un segment Strava. Le segment est affiché comme faisant 500m à 16.4% de moyenne...et je l'ai fait à 24km/h.
Franchement, du 16%, je l'aurai vu passer. Ce n'est qu'en agrandissant la carte que l'on voit que l'approximation du GPS peut, dans ce cas, induire de grosses erreurs d'altitude. La route passe au bord de la falaise. La rivière et 20m plus bas. Le début du segment est situé carrément dans la rivière, ce qui provoque ces 16% de moyenne alors que c'est tout plat quasiment.
Voilà comment un GPS peut parfois produire des erreurs d'altitude. Avec une marge d'erreur de 5m en position, on peut facilement se retrouver 20m plus bas ou plus haut !
Tout schuss
Après les gorges de Galamus, je suis à Saint Paul de Fenouillet. La Tramontane est forte et je l'ai plein dos jusqu'à Perpignan. Et en plus, ça descend. Je connais très bien la route, j'y ai souvent roulé quand j'habitais la région. Je n'ai pas trop mal aux jambes, j'en profite pour enrouler du braquet. De Saint Paul de Fenouillet à Estagel, 18kms de descente à 40 de moyenne sous un soleil radieux et 26°. Et je me fais flasher à la sortie de Maury par un radar placé en ville dans une descente !
Arrivé à Estagel, direction à droite, col de la Dona. Seulement 4.4kms à 2.6% mais je ferais à peine 20km/h de moyenne sur ce col.
Les jambes sont dures après 205kms de vélo. Mais le moral est vraiment au beau fixe. Je m'attendais à avoir nettement plus mal aux jambes que ça. Mais en gérant bien, ça passe.
Dernière photo avec un magnifique ciel bleu et 28°.
Arrivée
Et après 8h30 de selle et 218kms de vélo, me voilà arrivé. Pas frais comme un gardon, mais je m'attendais à souffrir bien plus, ça s'est bien passé. Au final, 25.6km/h de moyenne pour 1695m de dénivelé, ce n'est pas si mal pour une première et pour un si long raid en solo.
Pas de crampes ni de fringale. Preuve que je me connais plutôt bien désormais. La vitesse moyenne prévue est quasiment respectée.
En revanche, j'ai échappé de peu au gros incident mécanique, puisque cela faisait 10kms que mon pédalier craquait, comme ça arrive parfois quand je prend la pluie trop longtemps.
Mais là, c'était bien pire, puisque j'avais apparemment mal serré la manivelle gauche en changeant le boîtier de pédalier. Résultat, la manivelle avait pris un énorme jeu, ce qui a cassé la vis de compression en plastique au niveau du filetage. Une chance que la manivelle n'est pas décidé de prendre la poudre d'escampette alors que j'étais en danseuse !
139 pulsations sur 8h30 de selle, une bien belle sortie en endurance. Envie de dormir toute l'après-midi. Mais aucun problème particulier, preuve que j'ai bien géré et que le corps s'adapte à tout.
Une bien belle journée donc, et je serai sans doute amené à refaire un tel périple. Un défi physique, qui ne sert à rien, seulement à se surpasser et être satisfait d'être arrivé au bout. Sans chronomètres ni dossard, c'est encore mieux que sur un cyclosportive.
On a le temps d'admirer les paysages (même sous un ciel gris) et de réfléchir à sa vie, sa famille, son avenir professionnel. Relativiser beaucoup de choses et prendre le temps de vivre en se disant qu'il y a bien plus malheureux que nous et que la santé et un luxe qui ne s'achète pas...alors profitons-en avant de la perdre.
Un grand merci à ma femme qui me permet de vivre cette passion malgré les sacrifices que cela implique !
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