Mon premier 250 kilomètres
Par Randonnées - Cet article a été lu 10135 fois. Commentaires : 5 .
le jeudi 16 juillet 2015 07:02 -Près de deux ans après avoir franchi mon premier 200 kilomètres, j'ai enfin réussi à franchir un nouveau cap pour moi, celui des 250 km. Une fois de plus, c'est le trajet entre Toulouse et Perpignan qui fut choisi, à l'occasion d'un week-end prolongé en famille. Un trajet que je modifie un peu à chaque fois, en le rallongeant et en sélectionnant des routes différentes, au moins sur la seconde moitié.
La dernière fois, c'était le 11 juillet 2014, j'avais passé 230km sans encombre et terminé plutôt frais. Pile un an plus tard, je me risque donc à un 250 km. Le vent est favorable tout le long, cela ne devrait "en théorie" être qu'une formalité avec 20km de plus.
Oui mais, on ne vit pas en théorie !
Cela faisait quelques jours que je n'avais pas vraiment de jambes. Mais j'avais programmé ce trajet, je voulais m'y tenir. Le vent étant favorable sur tout le trajet, même avec des jambes moyennes, ça devrait le faire. Tramontane avec des rafales à 80km/h, ça aide.
Température de 18° prévue au départ, 32 à l'arrivée, ça peut aller, ce ne sont pas les 36 à 38° que l'on a connu quelques jours avant.
Départ à la lueur du jour
Afin de ne pas arriver trop tard à Perpignan, je pars à 6h05. Sur les 3 premiers kilomètres, il bruine. Pour rejondre Toulouse, je prends le Canal du Midi et je constate déjà que le vent est favorable. Il fait 18°, parfait. Par contre, clairement, les jambes ne sont pas là. Mais sait-on jamais, ça va peut-être se débloquer dans 20, 50 ou 100 km.
Arrivé à Toulouse au niveau du Port Saint Sauveur, je retrouve Joël qui m'avait donné RDV via internet pour m'accompagner un peu. De quoi faire passer un peu le temps.
Le temps étant couvert, je laisse mes lunettes sur le casque. Erreur, un gros moucheron se retrouve piégé dans mon oeil. Il y restera jusqu'à l'arrivée.
Il m'accompagne jusqu'à Avignonnet Lauragais. 70km sur le Canal du Midi avec assez peu de monde, hormis des canards, quelques ragondins et des pêcheurs. Même sans trop forcer, je suis à 27 de moyenne. Le temps reste couvert, mais ça me va, ça évite de rester à 10h en plein soleil.
A Avignonnet, je remplis mes bidons pour ne pas manquer de flotte. Jusque là, la route était un long faux plat montant (ben oui, sinon, l'eau du Canal fait comment pour aller vers Toulouse ?). A partir du seuil de Naurouze, ça descend.
Grande route jusqu'à Carcassonne
Jusqu'à Carcassonne, j'emprunte de grandes routes bien lisses. En ce début de week-end prolongé, assez peu de monde, tous sont sur l'autoroute. De plus, il est à peine 10h.
Avec le vent de dos, je roule régulièrement à 35km/h, toujours sans forcer, je sais que la route est longue. Les jambes tournent toujours difficilement, ça va un peu mieux, mais je n'ai pas cette sensation de facilité que j'avais eu 1 an auparavant. La température augmente, j'arrive à Carcassonne au bout de 4h30 et 120km, il fait 31° alors qu'il ne faisait que 21° à Avignonnet !
Je mange très régulièrement et je remplis à nouveau les bidons au pied de la cité.
Je m'enfonce dans la fournaise des Corbières
A partir de Trèbes, je bifurque sur de plus petites routes via Barbaira, Moux puis Fontcouverte et Ferrals. Seul le vent m'accompagne, mais aussi les cigales. Sympa à entendre, mais ça veut aussi dire qu'il fait chaud. 33° au Polar, ça commence à taper.
Peu après Ferrals, je bifurque à droite pour rejoindre Saint Laurent de la Cabrerisse. Pendant 5km, je me farçis la Tramontane de face. Nettement moins rigolo.
Désormais, je m'arrête à chaque point d'eau, car ils sont de plus en plus rares, il ne faudrait pas venir à manquer en plein dans les Corbières. Surtout que je vais maintenant devoir réaliser la majeure partie du dénivelé du trajet sur environ 70km.
A partir de Saint Laurent, débute la montée, puis à partir de Talairan, le col de Villerouge, que je ne connais pas. Et là, grosse chaleur, plus de vent, je suis abrité. Le col de Villerouge, ce sont 6km à 3% de moyenne. Ca ferait presque rire. Sauf que je ne rigole plus.
J'ai plus de 160km au compteur, 6h de selle et il fait désormais 35°. 34x28 de rigueur. Je me suis bien alimenté, mais je ne suis pas super bien. Et il reste 90km !
Sueurs froides
Petites frayeurs dans le col de Villerouge puisque malgré un thermomètre affichant entre 37 et 38° sur le Polar, j'ai des frissons. Je m'arrête pour récupérer, bien boire et manger. Ca va être long pour rallier Perpignan :-(
Comme si ça ne suffisait pas, une guêpe se retrouve prisonnière dans mon dos. Réaction normale, elle me pique. Heureusement, je ne suis pas allergique.
Vient la descente vers Villerouge Termènes puis direction Albas, ça passe bien, je ravitaille à Albas. Il est indiqué "eau non potable", mais les deux habitants que je croise me disent qu'il n'y a pas de risque. Je fais confiance, il y a un robinet, ça doit bien être bon. Et puis mieux vaut ça que de faire les 30 prochains kilomètres sans eau.
Direction ensuite Cascastel, Villeneuve des Corbières, puis le col d'Extrême qui fait 5km à 2% de moyenne depuis Villeneuve. J'y vais tranquille, j'ai chaud et j'ai à peine passé le cap de 200km au pied de ce "col" (d'ailleurs, même pas de panneau au sommet).
8h de selle au sommet, me reste encore 50km à faire :-(
Ca descend jusqu'à Tuchan, village à partir duquel je connais mieux la route et je serai sorti des Corbières et de la fournaise. J'en profite pour ravitailler une dernière fois.
A partir de Tuchan, la Tramontane se fait sentir et rafraîchit un peu malgré un thermomètre perché à 38°. Je sais qu'il ne me reste qu'une montée à faire à partir d'Estagel.
Manque de lucidité
Preuve que la lucidité n'est plus là, je me trompe de route à Estagel, que je connais pourtant par coeur. 1km de plus au compteur. Direction, col de la Dona, 4km à 3%, mais pas d'air et un revêtement granuleux qui n'aide pas. Arrivé en haut, le plus dur est fait, je n'ai plus qu'à me laisse porter jusqu'à l'arrivée par la Tramontane.
Il faudra quand même que je rallonge de 800m pour arriver au cap des 250.
Arrivé à la maison, vidé, je m'occupe du moucheron qui est resté dans mon oeil pendant 9h. Assez gros, mais il ne bouge plus :-)
Mes bras et jambes sont plus que roses, 7h en plein soleil, ça va chauffer.
Une épreuve dans la douleur
Alors oui, j'y suis arrivé. 9h48 sur le vélo (9h20 de roulage) pour 250km.
1300m de D+ à 27 de moyenne, c'est plutôt honnête, mais sincèrement, je ne le referai pas avec d'aussi mauvaises jambes. Ne pas prendre de plaisir sur les 30 derniers kilomètres, c'est une chose, mais ne pas en prendre pendant près de la moitié, plus de 100 km, ce n'est clairement pas comme cela que je conçois le vélo.
Mais le résultat est tout de même là, 250km (250.76 sur le Polar, 250 tout rond au GPS). Une sacrée aventure, mais je suis clairement allé au-delà de mes limites en ce 11 juillet 2015. La prochaine fois, si la forme n'est pas là, je reporte !
Vous pouvez retrouver cette sortie de 250km sur Strava : http://www.strava.com/activities/343840800
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