Le cycliste, un usager de la route comme un autre

Code-de-la-route-velo-001.jpgCar oui, le cycliste est un usager de la route au même titre que les automobilistes, chauffeurs de bus, de poids lourds, motards, ...

Nous sommes les premiers à râler contre les conducteurs qui nous doublent de trop près et ne respectent pas l'article R414-4 du code de la route. A juste titre d'ailleurs.

Mais en quoi notre qualité de cycliste devrait nous autoriser à interpréter de notre côté le code de la route comme cela nous arrange, sous prétexte de liberté ?
Outre le fait que cette proposition est sans doute anticonstitutionnelle puisque le principe d'égalité devant la loi n'est plus respecté, cela n'arrangera sans doute pas l'image déplorable donnée par certains cyclistes.

Je le vois encore trop souvent. Certains pelotons de cyclistes crient au scandale quand une voiture les frôle, mais de leur côté, ils ne se gênent pas pour rouler à 3 voire 4 de front, tenant toute la moitié d'une route et s'insurgeant si l'automobiliste ose donner un coup de klaxonne pour signifier qu'il souhaiterait passer.
Pourquoi demander aux autres le respect du code et ne pas l'appliquer soi-même ?

Le CNSR s'appuie sur un test réalisé dans la communauté urbaine de Strasbourg avec des amendes spéciales pour les cyclistes qui ne respectent pas le code. Encore faut-il rappeler que depuis longtemps, Strasbourg a tout mis en place pour faciliter les déplacements urbains à vélo. Ce n'est pas le cas de nombreuses villes.
Ainsi, le contrevenant circulant en sens interdit, n'observant pas un arrêt un stop, grillant un feu rouge ou téléphonant en pédalant ne se voit infligé que 45€ d'amende alors qu'un automobiliste devra s'acquitter de 90€.
Qu'est-ce qui justifierai qu'un cycliste soit moins sanctionné ?
Est-ce qu'un conducteur de 4x4 payera 20% d'amende en plus sous prétexte que sa voiture est plus grosse ? Est-ce qu'un chauffeur de poids-lourds devra payer 300% de plus, toujours pour la même raison ?

Espaces mixtes piétons-cyclistes

Code-de-la-route-velo-003.jpgLes membres du CNSR ont également proposé l'élargissement à d'autres villes que Strasbourg de la pratique des "espaces mixtes piétons-cyclistes" sur les trottoirs. Sans aucune délimitation entre piétons et cyclistes.

Voilà une proposition qui est surtout là pour combler les lacunes en termes de pistes cyclables en France et qui ne n'améliorera sans doute pas le taux de pistes dans l'Hexagone. Pourquoi dépenser des sous et de la surface au sol pour des pistes cyclables à partir du moment où les vélos pourront rouler sur les trottoirs ?

Où diantre sont-ils allé chercher cette idée ? Christian Jacquot, président de la commission deux roues du CNSR :

Il est préférable de partager l'espace entre piétons et cyclistes plutôt que celui entre cyclistes et véhicules à moteur pour des raisons évidentes de rapport de forces.


En effet, si on s'arrête aux cyclistes qui circulent en ville, peut-être que le rapport de force joue en faveur de cette solution. Encore que, avec le développement des Vélo à Assistance Electrique pesant plus de 20kg et roulant à 25km/h, pas sûr que le piéton qui traverse sans regarder le trottoir, téléphone rivé à son oreille, soit du même avis.
Mais dans le cas de cyclistes sportifs roulant à 30km/h ou plus, est-ce bien raisonnable ? Y aura-t-il une vitesse limite pour rouler sur le trottoir ? Si oui, comment la juger pour les cyclistes qui n'ont pas de compteur (élément non obligatoire !) ? Et comment, dans ce cas, les forces de l'ordre pourront juger que l'on roulait trop vite pour le trottoir ou pas assez pour avoir le droit de cité sur la route ,

Mais ce qui me gêne le plus, c'est que l'on expulse le cycliste de la route au trottoir.
Comme le cycliste est vulnérable face aux automobilistes qui ne tolèrent guère les deux roues non motorisés sur "leur" bitume, et plutôt que de tenter d'arriver à un partage de la route, on vire le plus faible.
On veut désengorger les villes des voitures... mais pas trop, car ces derniers sont très lucratifs en payant toutes sortes de taxes. Le cycliste lui, ne paye ni carburant, ni place de parking et même pas de PV pour mauvais stationnement.

Ce n'est pas comme ça que l'on va réconcilier vélos et autos

150cm-velo.jpgS'il suffit aux automobilistes de nous frôler pour que le législateur ou les bien-pensants expulsent les cyclistes de la route aux trottoirs, comment imaginer que les conducteurs de véhicules à moteur changent leurs comportements ?
L'automobiliste n'arrive pas à respecter le cycliste ? Alors virons le cycliste. Vu comme ça, l'équation est simple !

Il suffit de supprimer le plus faible de l'équation.

Problème, la majorité (plus de 85%) des accidents mortels à vélo ont lieu en dehors des villes. Le Conseil national de la sécurité routière propose donc un truc qui ne règlera pas le fond du problème.

La France, l'autre pays des lois

Une fois de plus, on prouve que la France est un formidable pays à créer des lois, circulaires, etc... Edicter des lois qui viennent compléter une lois existante voire même la contredire semble être un sport national. Comme si certains politiques avaient besoin de légiférer pour prouver qu'ils travaillent !

Il existe déjà des lois mettant en place des sanctions contre les cyclistes (les mêmes que les automobilistes, à savoir, le code de la route), mais qui n'ont quasiment jamais été appliquées, soit par tolérance, soit par manque d'effectifs dans les forces de l'ordre.
Donc, soit on arrête la tolérance et on sanctionne et là, pas besoin de nouveaux barèmes, soit il y a un cruel manque d'effectifs, mais dans ce cas, ce n'est pas en rajoutant un niveau de sanction de plus qu'on changera quelque-chose.
Tu auras beau avoir autant de bidons que tu veux, si tu n'as pas d'eau à y mettre dedans, tu auras toujours soif.

En France, c'est un peu pareil, on créé des lois, mais il n'y a pas assez de personnes pour les faire appliquer.

A quand le cycliste considéré comme les autres véhicules ?

Le problème est que nombreux sont les automobilistes qui ne considèrent pas le vélo comme un véhicule important à qui il serait utile d'accorder de l'importance dans le trafic.
Bien souvent, on ne voit pas le cycliste, on l'occulte. Pour preuve, cette vidéo réalisée par un cycliste parisien en 2009 et qui reste toujours d'actualité :


Vous l'aurez compris, pour moi, le cycliste doit être considéré comme tout autre véhicule. Respecté pas les automobilistes et les chauffeurs d'engins plus volumineux. En retour, le cycliste doit de fait respecter les automobilistes et autres véhicules, mais aussi respecter le code de la route.
En ce sens, il doit être sanctionné suivant les mêmes barèmes d'amendes pour les mêmes infractions.

Mais il faut aussi que le regard des automobilistes change afin qu'ils ne voient pas le cycliste seulement comme un objet qui les empêche de conserver leur vitesse. Un objet roulant qui les oblige en plus à mettre un clignotant, à s'écarter et à effectuer une manœuvre. Et qui va en plus lui faire perdre 10s s'il faut attendre que la voiture d'en face soit passée ou s'il faut attendre d'avoir de la visibilité pour le doubler.

Les auto-écoles ont un rôle de prévention à jouer. Sans doute faut-il insister un peu plus sur ce point.

Et enfin, les structures spéciales comme les pistes cyclables (les vraies, pas juste un coup de peinture ajouté sur une route existante) doivent être multipliées et entretenues si la véritable politique est de diminuer le nombre des voitures en ville.