Mission accomplie, à près de 50 ans... non sans fierté. Un beau moment de vélo, avec bien sûr des coups de mou, de la souffrance. Mais qu'est-ce que cette souffrance face à leurs vies de forçats, dans les champs à élever du bétail, cultiver des fruits, des légumes, faire cuire du pain pour toute la population locale ?
Du vélo autrement, tel un pèlerinage vers cette terre dont je suis partiellement issu et où j'ai passé de beaux moments dans ma jeunesse.

Jour 1 - De Castelnau d'Estrétefonds à Marvejols

230 bornes près de 2000 m de D+. Enfin, ça, c'était ce qui était prêt de base. Pas de craintes au niveau distance et dénivelé, j'ai déjà fait des périples avec ce type de distance et un peu moins de dénivelé. J'avais plus de craintes côté météo (vent défavorable ? Chaleur ?), finalement, le vent aura été assez favorable et la température idéale. 17 degrés au départ de Toulouse, un max de 30 degrés en cours de route.

Restait à gérer les ravitaillements en solide et en eau. Mais je m'étais bien équipé pour le solide.

Ma plus grosse crainte, c'est enchaîner avec 170 bornes et 2500 m de D+ le lendemain, les jambes risquent d'êtres dures, mais c'est aussi pour cela que j'ai volontairement roulé en dedans ce premier jour.

Je suis aussi parti tôt, à 6h15, pour pouvoir prendre mon temps et arriver sur les coups de 16h à l'hôtel en même temps que Céline et les enfants pour avoir un peu plus de temps de récup. Vous pouvez retrouver ma sortie sur Strava ici.

Eclairage avant + arrière ainsi qu'une grosse sacoche sous la selle pour pouvoir mettre manchettes, coupe-vent et beaucoup de ravitaillement. J'aime bien être un maxi autonome. Car même si j'ai prévu de m'arrêter dans une boulangerie sur les coups de midi, on ne sait jamais ce qui peut arriver en cours de route. Je peux crever ou avoir un autre souci qui fasse que je me retrouve dans des villages où tout est fermé.

C'est relativement plat jusqu'à Gaillac, ensuite, la route s'élève un peu. Bon train, pas de difficultés, je reste volontairement à un rythme faible. Je refais le plein d'eau juste après Carmaux et je m'alimente très régulièrement, bien aidé par les alertes Garmin, pour ne pas avoir de fringale.

Peu après Carmaux, au bout de 96km ça se gâte, la trace réalisée sur Strava veut me faire prendre l'autoroute. Je dois donc partir à la recherche d'une route alternative pour aller jusqu'à Baraqueville. Je bifurque vers Tanus et je descends Maintenant, place au repos. de près de 130m vers le Viaur et son fameux viaduc. C'est beau.... Mais il faut ensuite remonter de 130m.

J'arrive à Baraqueville vers 12h30. Non sans mal, car le GPS voulait à tout pris me faire reprendre la trace initiale pour récupérer l'autoroute. J'ai donc dû m'arrêter à plusieurs reprises pour avoir la trace la plus directe mais sans autoroute.

En tous cas, les paysages sont magnifiques. Entre Tarn et Aveyron, c'est beau, le vent est toujours un peu de dos et le temps parfait.

Le temps de m'arrêter à la boulangerie Palous recommandée par un twittos (Andreas Berry) pour prendre du solide, deux quiches et un flan pâtissier. De quoi se remplir le ventre avec autre chose que des barres et gels. Sur plus de 9 heures de vélo, c'est important.

Je suis ici au point culminant de cette première journée, 800 m environ, il fait frais. 20mn d'arrêt et je repars vers Rodez où je vais encore devoir chercher ma route pour éviter l'autoroute. Au total, je rajoute 15km et près de 300m de D+ sur mon trajet.

Entre Rodez et Marvejols, rien de bien transcendant, de longues portions en faux plat montant (heureusement vent de dos) avec beaucoup de circulation. Heureusement, quelques beaux villages parsèment la route et permettent de casser la monotonie du long ruban de bitume.

10km avant Marvejols, je prends une averse sur 3 minutes, rien de méchant . J'arrive à l'hôtel 40mn après le reste de la famille, bien content d'en terminer pas trop rincé et un rythme de 25km/h avec 2280m de D+.

J'ai par contre beaucoup souffert au niveau des fesses et de l'entrejambe malgré un bon cuissard Assos. Mais la transpiration a fait le reste. Heureusement, j'ai prévu un autre cuissard et de la crème anti frottements.

Le soir, on marche dans le village de Marvejols avant d'aller au restaurant. Joli petit village médiéval, ça permet de se retrouver en famille. Madame est rassurée qu'il ne me soit rien arrivé en cours de route (accident), c'est sa plus grosse crainte.

Moi aussi. Bien sûr, il y a bien eu quelques voitures qui passent un peu trop près, mais sur la journée, ça doit se compter sur les doigts d'une main, donc, ça va.

Pas de pépin mécanique non plus, type crevaison, donc, journée parfaite si l'on excepte la trace sur autoroute qui m'a fait perdre plus de 30 mn.

 

Jour 2 - De Marvejols à Silhac

Pas une super nuit, mais je me lève à 6h30 pour partir à 7h. Petit déjeuner gatosport sur le pouce dans la chambre et je décolle.

Dès la sortie de Marvejols, après moins de 1km, une bosse de 7km à 5%. Merci le braquet 33x33 du SRAM Red AXS qui me permet de tourner les jambes sans trop forcer.

Il fait 13 degrés, mais avec la pente, je me réchauffe vite. Les jambes tournent plutôt bien et sans douleurs. Pas de problèmes côté cuissard, la crème anti frottements est efficace.

En fait, c'est une succession de bosses. Quand c'est fini, ça descend et ça remonte.

Le temps est au "pas beau fixe". C'est même très couvert sur les hauteurs entre Rieutor-de-Randon et le Lac de Charpal. à tel point que je me demande si je ne vais pas prendre une bonne saucée. Le vent est très frais, le thermomètre descend à 11°, je supporte les manchettes.

Je fais ça sans arrêt pendant plus de 35 km avant de rejoindre William, le mari de ma cousine Perrine qui a commencé le vélo il y a 4 ans et qui veut enchaîner deux jours d'affilée. Ce sera une première pour lui.

Il est venu dormir à Langogne la veille (90 bornes et 2100m de D+) et va m'accompagner jusqu'à Mezilhac, soit 85km environ. L'occasion de faire passer le temps en faisant connaissance car je je l'ai vu que deux fois avant qu'il ne fasse du vélo. Il m'a connu via Matos Vélo.

Je le retrouve entre Châteauneuf de Randon et Langogne. Température idéale mais vent de côté. Heureusement, on sera souvent abrités en forêt. Les bosses se succèdent. Pas de gros pourcentages, mais je sens que la fatigue commence à poindre.

Fort heureusement, les pentes ne sont jamais bien raides et on est très souvent abrités du vent. Le soleil commence à percer, ça fait du bien.

On discute et les kilomètres défilent. Le Mont Gerbier de Jonc se montre au moins, encore 20km avant de l'atteindre. Le vent est de plus en plus souvent défavorable, mais je sais qu'au Gerbier, on tourne et le vent sera dans le bon sens. On longe la Loire, qui n'est encore ici qu'un ruisseau... qui courre jusqu'à l'Atlantique près de Nantes.

On arrive au Gerbier, passage obligé pour un ardéchois, point culminant de mon périple. Enfin, presque, puisque le point culminant se trouve quelques kilomètres plus loin, à 1450 m.

Il fait frais. On se pose pour prendre la pause (diététique) mais aussi la pose (photographique) pour immortaliser ce moment.

A partir d'ici, je sais que mon pari est gagné. Il ne me reste qu'une bosse (pas des moindres) mais surtout, un long toboggan avant cette bosse. Je n'ai plus qu'à me laisser glisser jusqu'au Cheylard et le Pont de Chervil.

Direction Mezilhac, où le vent nous pousse assez souvent sur des parties descendantes. L'occasion d'une pointe à 66 km/h. Les jambes tournent toujours bien, je ne ressens pas de souffrance. A Mezilhac, nos chemins se séparent, le mari de ma cousine va vers Vallon pont d'arc, moi vers Chalencon. On aura discuté pendant 3h30 environ.

Ça descend bien jusqu'au Chaylard, je ne force pas le rythme, je récupère et le thermomètre remonte petit à petit. Il est 13h, on est dimanche, il n'y a personne sur les routes. Peu avant le Cheylard, je passe dans le village de Le Pont de Fromentières où de grandes fresques peintes ornent des bâtiments.

Après le Cheylard, le vent dans la vallée de l'Eyrieux, qui longe la Dolce via, rend le faux plat descendant plus difficile que prévu, je suis obligé de pédaler. Ca ne descend pas assez pour se laisser glisser (10 km à 1%), il faut quand même appuyer sur les pédales. Je pédale a minima, il me reste le col de Chalencon à monter depuis le pont de Chervil, en plein soleil.

Au pied, je bois et m'alimente. La montée et longue de 6.4km à 5.6%, mais il fait près de 30 degrés et j'arrive à 400km en deux jours. Il me faudra 35mn pour arriver en haut. Une petite victoire, me reste seulement 5km pour arriver dans la maison de famille de Silhac où habite ma tante et où ont vécu les grands parents.

Avant d'y arriver, passage au cimetière où mes 4 grand parents sont enterrés. Pas croyant pour un sou, mais quand même, j'aime à penser qu'ils m'ont accompagné sur ce périple, m'évitant des pépins mécaniques et m'offrant une météo parfaite.

J'arrive au terminus de ce périple avec le sourire, heureux d'avoir rallié mon lieu de vie actuel et celui qui a vu vivre et grandir mes grands parents et parents et où j'ai passé de belles vacances estivales, avec les fêtes au village de Silhac.

Seulement 23 km/h de moyenne, mais pas si mal pour 174 km et 2646 m de D+ et surtout, en prenant son temps pour admirer les paysages.

La trace de cette seconde journée de 174 km et 2646m de D+ est à retrouver ici.

Au final, pas de souffrance particulière hormis une gêne au cuissard, pas de pépin mécanique, pas la moindre crevaison et une météo plus que clémente pour une mi-août !

Maintenant, place au repos. Mais comme un goût de reviens-y quand même...... la suite, sur un prochain périple sans doute.