1 journée sur le Tour de France en Ariège, Plateau de Beille
Par Tour de France - Cet article a été lu 4630 fois. Commentaires : 3 .
le dimanche 19 juillet 2015 11:31 -Même si je commence à être un habitué des invitations sur les courses professionnelles comme le Tour de France ou le Critérium du Dauphiné, je savoure chaque invitation comme si c'était la première.
Je me souviens des jours où j'étais comme tous les spectateurs, placé de l'autre côté de la barrière, à envier ceux qui avaient les fameux bracelets.
J'ai gardé mes yeux d'enfant qui reçoit un cadeau. Car être invité, c'est toujours un privilège ! Et cette fois-ci, l'invitation ne provenait pas d'un sponsor officiel du Tour ou même d'une marque de vélo, mais du Conseil Départemental de l'Ariège, grâce à qui j'ai pu vivre une formidable (malgré l'humidité !) pour l'arrivée du 16 juillet 2015 au plateau de Beille.
Logistique tout confort
Bien qu'il ai fallu se lever à 5h du matin pour être à Foix à 7h40, ce fut finalement le plus difficile. A Foix, des bus attendent tous les invités pour les amener au Plateau de Beille. Je suis accueilli par Annie Fachetti, en charge de la communication et de la promotion des actions d'Ariège Expansion, agence chargée du développement économique de l'Ariège.
L'Ariège souhaitant notamment développer son économie auprès des cyclistes, je suis en partie là pour cela et discuter de tout cela avec des élus.
La montée se fait donc en bus, mais on mettra quand même près de 30mn pour arriver au sommet. Il y a déjà beaucoup de voitures et camping-car garés, des piétons qui préfèrent aller en haut à pied, mais surtout, des cyclistes. Le chauffeur se fraie un chemin tant bien que mal.
Visite d'Angaka
Quand nous arrivons, il est à peine 10h. Le repas est prévu à 12h, nous sommes donc invités à visiter le village de loisirs d'Angaka, situé sur le Plateau de Beille.
Alors qu'au niveau du parking, règne la cohue et le brouhaha d'une étape du Tour de France, en à peine 100m, caché dans les pins, nous arrivons dans un monde où règne un silence tout juste perturbé par les hélicoptères du Tour.
Je suis un habitué de Beille, et je ne connaissais même pas ce lieu, qui pourtant vaut le détour autant en hiver qu'en été. Au menu, balades en chiens de traîneau, traineau à cheval, raquettes, igloo et séjours à thème en hiver. Pour l'été, balades à cheval, cani-rando ou bivouac en village nordique.
Ca donne vraiment des idées. Vincent, le muscher, est aussi cycliste. Habitant au sommet de Beille, toutes ses sorties se terminent par cette montée, qu'il gravit en 1h10, les amateurs apprécieront.
Repas gastronomique : tout pour bien descendre Beille, mais pas pour monter
Le repas est préparé par Philippe Lacube, éleveur de vaches gasconnes des Cabannes, qui a récemment ouvert son restaurant A la Montanha ! situé aux Cabannes. Un mot d'ordre, manger des produits du terroir, qui viennent des alentours (50km maxi).
Pour les 5 fruits et légumes par jour, il faudra repasser, mais c'est un régal. J'ai par contre mon quota de 5 animaux par jour. Canard, boeuf et porc pour les entrées, chèvre et vache (pour le fromage). En guise de plat, le Mac'arel, sandwich 100% Ariégeois.
Deux belles tranches d'un savoureux pain de campagne qui prennent en sandwich un steak haché de bœuf (cadet gascon) et deux fines tranches de fromage goûteuses à souhait. Une viande qui a beaucoup de goût et qui se suffit à elle-même. Ne cherchez pas de sauce ou de salade à l'intérieur, il n'y a rien de plus. Mais c'est un régal, j'en prendrai deux.
Enfin, en guise de dessert, la fameuse croustade aux pommes (tiens, un fruit !).
Vous l'aurez compris, je vous recommande d'aller faire un tour à son restaurant. Mais de préférence une fois que vous aurez gravi Beille à vélo, et non en guise de ravito avant de monter, inutile de rajouter de la difficulté. ;-)
De la chaleur au froid et la pluie en quelques minutes
13h30, on sort de table, je fais le tour de l'aire d'arrivée. Il fait 30° environ avec un grand soleil.
Le public est venu nombreux, que ce soit à pied, à vélo ou en engin motorisé. Les partenaires distribuent volontiers les traditionnels goodie avant le passage de la caravane afin de faire patienter tout ce monde venu tôt.
Bonne ambiance au programme, comme toujours sur les routes du Tour.
A 15h, direction la tribune Géo Lefèvre, ou plutôt, les tribunes, on a le choix entre deux. Jamais je n'ai été aussi bien placé. Tribunes situées juste après la ligne d'arrivée (3m après) et face au podium de remise des maillots. Je choisis la seconde tribune, à 20m de la ligne d'arrivée, je suis au niveau des photographes de presse et face à l'entrée de contrôle antidopage. Idéal pour les photos.
La journée s'aonnonçait chaude et ensoleillée, mais à 15h30, c'est le drame. Un orage s'abat sur le plateau. Foudre, pluie, vent et grêle sont au programme. En quelques minutes, on passe de 30° à seulement 12°, et je n'ai rien prévu d'autre que mon t-shirt et mon short pour venir, comme 80% des personnes présentes. La météo n'avait pas prévu un tel déluge et une telle chute du mercure.
La tribune est couverte en partie par un parasol, mais le vent est si violent que tout le monde est trempré et frigorifié. Problème, cela dure jusqu'à l'arrivée des coureurs, soit environ 1h. 1h à avoir froid, pas cool. Je ne me rappelle pas avoir autant claqué des dents et avoir eu des frissons. Surtout aussi longtemps.
Même les photographes qui se massent sur la ligne d'arrivée sont obligés d'utiliser tous les moyens possibles pour se protéger !
La pluie est telle que même les écrans géants situés sur le podium s'arrêtent, nous n'avons plus que le speaker pour avoir un suivi de la course.
Les caravaniers ne sont pas à la fête. Nombreux sont en véhicules ouverts et peu sont apparemment dotés d'un blouson ou k-way. La plupart grelottent et n'ont qu'une hâte, rentrer au chaud.
La victoire de Purito
A 16h59, Joaquim Rodríguez, surnommé Purito, arrive en vainqueur sous des trombes d'eau et une route détrempée. Plus de 2cm par endroits, il suffit de voir les projections faites par la voiture derrière lui, au niveau de la roue avant.
Il laisse éclater sa joie pour cette seconde vitoire après celle du Mur de Huy.
Victoire devant Jakob Fuglsang et Romain Bardet, qui arriveront respectivement 1mn12 et 1mn49 après Purito.
Avec l'arrivée des coureurs, la chaleur corporelle reprend le dessus. Tous les coureurs sont applaudis comme il se doit.
Pendant que les hôtesses qui remettent le maillot jaune s'inquiètent de la pluie qui arrose le podium, Marc Madiot, patron de l'équipe FDJ, attend ses poulains sous la pluie.
Il redescendra lui-même quelques vélos après l'arrivée. Image à mille lieux de certains autres sports.
Pendant plus de 40 minutes, les coureurs arriveront, plus ou moins groupés.
J'attends le passage de mon ami Jérémy Roy. Il me voit, mais n'a qu'une hâte, aller se réchauffer.
Protocole d'arrivée
C'est une première pour moi, assister à tout le protocole de remise des prix et maillots en fin d'étape. Idéalement situé, face au podium.
La premier ministre, Manuel Valls, est de la partie, ici entouré par Bernard Hinault et Henri Nayrou, président du Conseil général de l'Ariège.
Bonne ambiance pour eux aussi, Manuel Valls est même obligé de se mordre les lèvres parfois, Henri Nayrou n'étant apparemment pas le dernier des boute-en-train, ce qui sera confirmé lors du repas du soir.
Un protocole réglé comme du papier à musique, comme en témoigne la photo d'une feuille d'ASO !
Ensuite, la remise des différents prix et maillots a lieu. Seul le maillot vert, Peter Sagan, se sera fait attendre plus de 30mn, mais on l'excuse, la montée de Beille n'est pas à son avantage !
Les hôtesses, très jolies, sont en revanche très peu vêtues vu les 12° de température ambiante. Heureusement, elles n'ont pas à rester trop longtemps au froid.
Après la course, un repas titanesque
Avant le repas prévu à 19h30, je croise David Moncoutié, qui après avoir couvert plus de 200km par jour pendant 10j entre Paris et Malaga, se satisfait chaque jour des 20 derniers kilomètres de chaque étape avec des clubs locaux.
Easy pour lui, sauf ce jour où les 20 derniers kilomètres sont tout en pente. Mais le garçon, toujours aussi sympathique, a gardé la ligne.
Je croise aussi une connaissance, le stagaire FDJ, Alexandre Porcheron, dont vous pouvez retrouver chaque jour les vidéos décalées et drôles (voir chaîne Youtube Equipe FDJ).
De 20h à 22h30, place au repas, toujours préparé par Philippe Lacube, en compagnie de Christian Prudhomme, Bernard Hinault, Bernard Thévenet ou Gérard Holtz.
Je vous passe le repas, toujours succulent avec de la viande de boeuf fondante !
Nous aurons même droit à un moment mémorable, l'intronisation de Bernard Thévenet et Bernard Hinault au sein de la Confrérie du Boeuf Gascon, confrérie dont font déjà partie Christian Prudhomme et Gérard Holtz.
L'occasion de voir le directeur du Tour de France, Christian Prudhomme, sous un angle différent.
D'habitude fort sérieux, là, l'ambiance est plus "potache" et détendue. En revanche, ses talents d'orateurs sont indéniables. Même avec un esprit plus léger, le discours est parfait, sans hésitation, et ce, après plus de 10 jours de course. Car Christian Prudhomme (tout comme Bernard Hinault et les personnes d'ASO) effectue lui aussi un véritable tour de force, avec ces repas à rallonge avec les collectivités.
Un repas qui durera jusqu'à plus de 22h30, et croyez-moi, le directeur du Tour a un sérieux coup de fourchette, ne laissant jamais rien dans son assiette. Un estomac solidement accroché pour endurer ces 3 semaines de repas de terroirs souvent peu légers mais ô combien savoureux pour les papilles !
Un repas tellement délicieux que l'on y revient sans faim.
De l'entrée au dessert, tout est succulent. Pas raisonnable pour le cycliste que je suis, mais n'ayant pas d'objectif de performance, je peux me permettre de savourer ces mets du terroir ariégeois.
A 23h, il est l'heure de redescendre en bus sur Foix. Sur le Plateau de Beille, tout a déjà été démonté et tous ceux qui travaillent à ce mécano géant sont en route pour l'arrivée du lendemain, à Rodez.
Dans la descente, de nombreux camping-cars sont stationnés, attendant sans doute le lendemain pour partir sur une prochaine destination.
Une journée inoubliable
Je remercie à nouveau le Conseil Départemental de l'Ariège et notamment Annie Fachetti d'Ariège Expansion.
De quoi découvrir le Tour de France sous un autre angle, du matin jusqu'au soir. Angaka mais aussi le terroir ariégeois au travers des repas. Annie m'avait prévenu, on ne meurt pas de faim en Ariège, je confirme.
Une chose est sûre, lors de mon prochain passage en famille du côté de Beille (avec ou sans vélo), le repas se fera chez Philippe Lacube et en hiver, une sortie chiens de traîneau sera de mise.
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