Intermodalité train vélo à Toulouse - opération commando
Par Actualité - Cet article a été lu 5580 fois. Commentaires : 17 .
le lundi 22 septembre 2014 09:37 -On parle de plus en plus des problèmes de circulation en ville, des problèmes écologiques, du besoin de faire plus de sport pour chacun.
Pour concilier tout cela, ma femme a voulu délaisser sa voiture pour se rendre au travail, à 35kms de notre domicile. Nous avons une gare à 3kms de la maison et le train pouvait la laisser à 10kms environ de son lieu de travail, il ne lui restait donc plus qu'à parcourir le reste du trajet en vélo. Solution idéale sur le papier, mais dans les faits, les infrastructures à Toulouse ne sont pas du tout prévues pour passer du train au vélo et du vélo au train, encore plus si l'on est une femme et que l'on possède un Vélo à Assistance Electrique (VAE).
Pourquoi un VAE ?
Nous habitons en haut d'une côte de 1km à 7%. Même moi qui suis plutôt sportif ne l'apprécie guère et nombreux sont les cyclistes qui connaissent cette fameuse côte de la briqueterie de Castelnau d'Estrétefonds pour sa difficulté.
Madame n'étant pas spécialement une folle de vélo et de l'effort intense, nous nous sommes donc tournés vers la solution du Vélo à Assistance Electrique. Un vélo KTM qui coûte tout de même 2500€ et pèse 23kg.
Une solution qui, sur le papier, semble idéale. Pas de transpiration à l'arrivée au boulot et l'assistance électrique permet de gravir la côte à un rythme intéressant afin de ne pas gêner la circulation.
Premier obstacle, la passerelle de la Gare
La gare de Castelnau d'Estrétefonds est équipée depuis quelques années d'une passerelle pour éviter aux usagers de traverser les voies. Bonne idée. Un long escalier permet de se rendre en haut... et autant de marche pour redescendre de l'autre côté.
Heureusement, un ascenseur est prévu pour les personnes à mobilité réduite. Pas sûr qu'un cycliste et son vélo rentrent dans cette catégorie, mais monter un vélo de 23kg tout en haut relève de l'exploit. Madame décide donc d'utiliser l'ascenseur. Pas de chance, pour le premier jour, il est en panne.
Prenant son courage à deux mains, mais surtout son vélo, elle le hisse au sommet de l'escalier. Cool, le trajet pour aller au boulot va aussi remplacer un abonnement à la salle de musculation. Ma femme va ressembler à une bodybuildeuse !
Second obstacle, monter dans le train
Quand vous cherchez sur Internet des images en rapport avec l'intermodalité train + vélo, vous tombez sur ce type de cliché.
Un cycliste qui monte facilement son vélo dans une rame avec une simple marche de 10/15cm à franchir. Easy !
Sauf qu'à Toulouse, le TER n'est pas encore totalement adapté, même s'il existe des wagons dédiés au cyclistes leur permettant de ranger leurs vélos.
C'est un bon début, mais réservé aux cyclistes ayant un tout petit vélo ou un vélo très léger !
Car voilà dans la réalité la porte qui permet de rentrer son vélo dans le train. Plus de 50cm de haut et une porte tout juste assez large pour passer le guidon d'un vélo. Presque impossible donc de se mettre à côté de son vélo.
Imaginez donc la difficulté pour monter un vélo de 20kg ! Si vous n'avez pas d'aide, c'est très difficile.
Et arrivé à la gare Matabiau de Toulouse, il faudra redescendre son vélo par le même endroit. Plutôt acrobatique, à tel point que ma femme a un jour perdu l'équilibre lors d'un de ses voyages, s'étalant sur le quai. Quelques bleus mais rien de cassé, mais ça aurait pu être pire.
Troisième défi, sortir de la gare
Ca faisait longtemps qu'il n'avait pas fallu porter son vélo pour monter des escaliers. Et bien une fois de plus, pour sortir de la gare, il faut à nouveau hisser son vélo en haut des marches. Renseignements pris, pas d'escalator ou de rampe permettant un accès plus aisé.
Finalement, aller au boulot en vélo + train à Toulouse ne muscle pas que les jambes, mais aussi les bras. Avec toutes les marches à gravir où vous devrez porter votre vélo, vos bras seront aussi soumis à rude épreuve. Et encore, là, sur les photos, c'est sans toute l'affluence présentes aux heures où tout le monde va et repart du bureau.
Des gens qui parfois vous aiderons, mais plus souvent râlerons contre cet enquiquineur de cycliste qui n'avance pas au milieu de ces escaliers, ralentissant tout le monde !
A côté de cela, circuler en vélo à Toulouse est nettement plus agréable grâce aux pistes cyclables.
Mais que d'embûches pour en arriver là ! Depuis, ma femme a arrêté d'aller au boulot en vélo, bien trop dangereux. Dommage, elle y prenait plaisir, mais monter et descendre du train et sortir de la gare est bien trop difficile voire dangereux. Si c'est pour aller se casser une jambe en sortant du train, il est clair que ce n'est pas jouable.
Et pas sûr que les choses s'arrangent. Peut-être que la SNCF améliorera ses TER, mais ce n'est en tous cas pas de la municipalité et du Maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc (qui est aussi président de Toulouse Métropole) qu'il faudra attendre un geste.
Ce dernier a en effet supprimé la prime de 250€ pour l'achat d'un VAE trop coûteuse (185 000 € par an sur deux ans ) préférant le rétablissement du forfait de parking à 5 € la nuit au lieu de 19 €, qui coûterait 600 000 € par an à la collectivité.
Bref, madame utilise encore et toujours sa voiture tous les jours pour se rendre au travail, et ce, malgré les bouchons de la rocade toulousaine. Messieurs les politiques, il y a encore du boulot pour que les gens utilisent un autre moyen de transport que la voiture !
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