Tramadol à volonté chez Sky...

Cet antidouleur (d'où sa prescription pour mes fractures de la clavicule) serait, de l'avis de Michael Barry, ancien coureur de l'équipe Sky, aussi précieux qu'un produit dopant. Et pourtant, il est autorisé.

Une partie du peloton demande à ce qu'il fasse partie de la liste des produits interdits par l'Agence mondiale antidopage. Cela montre que les mentalités ont bien évolué. Qui aurait pensé cela il y a 20 ans ?

Dans son deuxième livre dans lequel il s'étend sur le dopage (chose qu'il avait totalement omise dans son premier livre, Michael Barry indique :

« Un équipier était à l’arrière du peloton en train de prendre des bidons. Un jeune coureur de l’équipe a demandé au directeur sportif par radio, ndlr du Tramadol, un puissant antidouleur. ...

Quand je me suis cassé des côtes sur chute au deuxième jour du Tour de France, j’ai pris du Tramadol pour calmer la douleur. Il m’a fait ressentir une légère euphorie. Je ne ressentais aucune douleur aux jambes. Je pouvais appuyer plus fort que d’habitude sur les pédales. Cela améliorait autant la performance que n’importe quel produit dopant que j’avais pris, avec une différence de taille : c’était légal. »

...mais ça, c'était avant !

Bien sûr, l'équipe Sky s'est vite dépêchée d'indiquer que depuis deux saisons, le Tramadol était interdit dans l'équipe.
Une position qui m'énerve, car cela veut dire qu'avant, elle ne l'interdisait pas. Et même si ce produit n'est pas interdit, c'est pour moi du dopage. A partir du moment où l'on utilise de façon dérivée un médicament pour améliorer ses performances, il y a dopage.

Porte ouverte au dopage

Saignee-Hemochromatose.jpgComment ne pas, dès lors, se poser des questions sur l'écrasante hégémonie de l'équipe Sky depuis quelques années. Car si elle autorisait, jusqu'à il y a deux ans, le Tramadol pour ses coureurs, qui dit qu'elle n'utilise pas depuis d'autres produits, plus efficaces ?

Le Tramadol est un puissant antalgique qui ne devrait être prescrit (et donc absorbé) que dans des cas assez graves...qui empêchent la pratique de la compétition.
Et même s'il n'y a aucune comparaison avec l'EPO ou le dopage sanguin, le Tramadol utilisé en course reste une pratique dopante et la porte ouverte sur des produits beaucoup pus puissants.
D'ailleurs, j'ai depuis longtemps entendu des rumeurs sur des cyclistes amateurs utilisant du Tramadol avant course pour améliorer leurs performances :-(

Effets secondaires

Problème du Tramadol, c'est qu'il entraîne une baisse de la vigilance et de la concentration ainsi que des vertiges. Ce qui fait dire à tous les "spécialistes" que les nombreuses chutes vues sur les courses sont dues à son usage.

Un pas que je ne veut pas franchir. Les chutes font malheureusement partie des courses et il m'est arrivé de tomber en course sans Tramadol ou autre produit, simplement par manque de vigilance ou accident.
Les pros ont bien d'autres distractions (oreillettes, hélicoptère) et obstacles pour chuter sans produits.

Le niveau semble s'être lissé au sein du peloton professionnel, ce qui pourrait aussi expliquer une plus grande nervosité et une augmentation des chutes.

Déroute chez Sky

Comment ne pas penser à l'étrange déroute de la plupart des coureurs de l'équipe Sky, notamment depuis les cas du cycliste britannique Jonathan Tiernan-Locke fin 2013 et de Sergio Henao début 2014, tous deux suspendus pour paramètres sanguins anormaux ?
Froome qui a même du mal à prendre le départ d'une course désormais.

Vers l'interdiction dès la fin de l'année

Le MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible) interdit à ses équipes membres de prescrire du Tramadol. Le produit est sous surveillance de l’AMA depuis 2012 mais toujours pas interdit.

L’agence pourrait l’interdire en compétition à l’automne prochain, après trois ans de surveillance. Dans sa réponse au MPCC, elle confirme que le « nombre d’échantillons contenant du Tramadol est significatif et que la très grande majorité vient de cyclistes ».