Avec deux amis, Christophe et Carlos, nous sommes donc arrivés sur Pau dès le samedi après-midi après avoir laissé une voiture à la Mongie et en redescendant sur Pau avec une autre. Pas d’autre choix donc que d’arriver au bout.

Arrivés au village partenaire, nous prenons nos dossards et faisons le tour des stands où nous connaissons du monde. Après cela, Pasta Party, puis à 19h30, nous nous rendons au Vélostation de Pau avec Christophe où Christelle nous a proposé son magasin pour dormir. Carlos est lui au camping avec madame !

Christelle est fatiguée, à 20h, le magasin est encore ouvert vu la demande de la part des participants à l’Etape, dont certains s’aperçoivent la veille que leur boyau est mort et qu’ils doivent le changer !!

Lendemain matin, après une nuit difficile (on dort assez mal hors de chez soi), nous nous levons à 5h. Je mange un gâteau Fenioux que Christelle m’a préparé la veille. Christophe quant à lui avait fait sa propre préparation chez lui.

Nous voyons déjà des cyclistes passer à 5h10 pour rejoindre le départ.

Nous partons à 6h, il y a déjà beaucoup de monde dans les sas. Christophe est dans le second sas, je le quitte donc et tente de rejoindre Carlos dans le 3ième sas, mais il y est déjà depuis 20mn, il est 150m devant moi.

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Longue attente, mais pas de stress, je ne me suis pas fixé d’objectif, j’espère juste terminer le parcours en 9h environ. 6h58 au cardio, le départ est donné….je ne décollerai que 5mn30 plus tard. A ma grande surprise, Carlos s’est arrêté juste avant le départ pour m’attendre. Nous ferons environ 10/15kms ensemble, puis je le perdrai de vue.

1ière bosse, je gère tranquillement. Il fait beau, pas trop chaud (15°), c’est parfait. Je me gère car le chemin est encore long. Peu avant le col de Marie Blanque, je retrouve Christophe, à Lurbe Saint Christau mais je ne reste pas très longtemps avec lui.
Dans Marie Blanque, je mets très vite le 34x28, pas de raison de trop forcer, il est encore très tôt. Mais le fait de grimper à la fraiche et à l’ombre aidera…je doublerai pas mal de participants mais d’autres me doubleront à un très bon rythme. Même les plus forts pourcentages des 4 derniers kilomètres se passeront plutôt bien. Arrivé au sommet, j’en profite pour faire une photo du panneau du Col, que je gravi pour la première fois. Le ravito a lieu un peu plus bas, après quelques kilomètres de descente. Je m'y arrête vite fait pour faire le plein des bidons.

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Descente rapide mais prudente, nous attaquons ensuite rapidement le col du Soulor, qui se montera aussi assez bien…mais cette fois, bien plus de coureurs me doublerons. Mais la descente, rapide et parfois technique avec quelques virages en épingle, me permettra de doubler environ 50 coureurs, moins bons descendeurs, même si je me suis fait deux frayeurs sur deux freinages appuyés…sur une route un peu bosselée. Par contre, quelques coureurs sont à terre, avec des médecins autour. Ils ont été sans doute trop optimistes et ont pris des risques.
Pour ma part, pas de risques….je descend à ma main jusqu’au ravito, ce qui ne m’empêchera pas de « glacer » les patins de freins Swissstop verts, qui se sont révélés être redoutablement efficaces. Résultat, freinage délicat sur les freinages suivants pour finir la descente avec des patins qui sifflent...mais cela passera quelques kilomètres plus tard.

Au ravito, je prends pas mal de réserves, et je m’élance pour les 50 derniers kilomètres, dont 30 kms en plaine, avec un léger vent de face. Je vois un groupe d’environ 6 coureurs, je fais le forcing pour rentrer sur eux, pendant 1km environ.

D’Argeles Gazost jusqu’à Luz Saint Sauveur, le faux plat montant est déjà difficile à négocier. Des groupes me doublent, mais je ne prends la roue que sur 2kms environ à chaque fois, je sens que les 150 kms passés m’ont déjà usé. Ca ne monte jamais vraiment, mais la fatigue s'est installée.

A partir de Luz Saint Sauveur, sauve qui peut, je mets tout à gauche…il reste 20kms à faire en plein soleil, heureusement, du monde est là pour nous encourager. Effectivement, tous les gens qui sont venus pour assister au Tour de France pro nous encourage, nous pousse, nous arrose….un vrai bonheur.

La montée du Tourmalet ne sera donc qu’un long chemin de croix. Plusieurs fois, je poserai pied à terre, 20 à 30s, pour récupérer. Les panneaux indiquant les kilomètres restant à gravir arrivent trop lentement.

10kms avant le sommet, je suis pris d’une crampe derrière la cuisse droite. Après 1mn de massage, je repars….mais 7kms avant le sommet, idem, mais sur la cuisse gauche. Au ravito, je rempli mes deux bidons. 1kg de plus, mais il me les faut. Je bois souvent….les spectateurs nous encouragent toujours et nous arrosent. A 6kms du sommet, on m’arrose avec de l’eau d’un torrent, qui ne doit pas dépasser les 10°, je suis gelé. Jusqu’au sommet, je refuserai que l’on m’arrose, d’autant plus qu’à partir de 1600m, il fait moins chaud. Les pentes à 7% deviennent un véritable réconfort. Du monde est arrêté, voire allongé sur la route. De mon côté, je m’arrête toujours souvent, tous les 2kms environ, mais je reste sur le vélo.

Le paysage est magnifique, mais j’ai du mal à l’apprécier, le vélo est à ce moment là une véritable souffrance, plus de plaisir. Je ne pense plus qu’à une seule chose, rallier le sommet. A deux kms du sommet, un léger replat…avec d’attaquer le km final à 10%. Je serai quand même obligé de poser pied à terre 800m avant l’arrivée.

Les 200 derniers mètres sont une délivrance….avec la curieuse envie de pleurer. Un mélange entre la joie d’en terminer, la douleur omniprésente, mais surtout, un sentiment unique d’être porté par la foule, qui criait comme si nous étions des Armstrong, Schleck ou Contador, nous motivant.
Le passage sur la ligne s’effectue en 8h54, proche donc des 9h que j’avais prévus. Content d’en avoir terminé….et persuadé de ne jamais reparticiper à ce type d’épreuve. Quand il n’y a plus de plaisir, ça n’en vaut pas la peine. Mais une épreuve unique à laquelle il convient de participer au moins une fois dans sa vie (en étant bien entraîné), ne serait-ce que pour profiter des routes fermées et du public, qui a joué un rôle important dans mon ascension.
Anglais, canadiens, belges, américains, et j’en passe, tous fans de vélos, que ce soit des coureurs pros ou amateurs, qui ont passé leur journée sur le bord de la route pour nous encourager. Certains n’ont pas ménagé leur peine en poussant de nombreux coureurs.

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Une pensée à Geoffroy Lequatre et Sébastien Chavanel qui étaient parmi les anonymes et qui sont restés, sans faire la course, pour accompagner chacun, en prenant le temps de discuter. Ils terminent en 9h47….

Me deux collègues termineront après moi, Christophe en 11h et Carlos en 11h25. Un autre collègue de boulot, Gregory, terminera quant à lui en 8h20.

Une dernière pensée pour Octave Lapize, qui, il y a 100 ans, gravissait pour la première fois un col du Tourmalet non goudronné, sur un vélo de presque 20kg, sans carbone ou pédales automatiques. Ces gens étaient de véritables guerriers !!

La vue du sommet est magnifique....mais elle se mérite.

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De nombreux participants, supporters de Trek, Specialized, Sky ou autres étaient venus et avaient fait le déplacement des 4 coins du monde. Une véritable fête pour beaucoup de monde. Ci-dessous, quelques personnes venus avec Sky ;

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Mon étape du Tour en chiffres

Tout d'abord, ma courbe Polar bien sûr :

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149 pulsations de moyenne
176 pulsations maxi
75tr/mn de cadence moyenne, ce qui n'est pas si mal vu que la moyenne a sévèrement diminué dans les ascensions.
78km/h de VMax, dans la descente du Soulor, seulement 75.8 enregistré par le Polar (enregistrement toutes les 15 secondes).
7332 kcalories
78709 battements de coeur
1h04mn en roue libre (12% du temps total), sur 29.4kms

Col de Marie Blanque

7.5% de pente moyenne sur 9.2kms
Montée en 46mn36s à 162puls
11.8km/h

Col du Soulor

7.5% de pente moyenne sur 11.9kms
Montée en 1h08mn04s à 160puls
10.6km/h

Col du Tourmalet

7.3% de pente moyenne sur 18.2kms
Montée en 2h22mn13s à 151puls
8.5km/h