Cohabitation compliquée, jusqu'à l'accident

Plus qu'un long discours, voici un récit paru dans Ouest France le 25 février 2015 relatant un accidentprovoqué par un automobiliste ayant trop serré des cyclistes.... pourtant en fil indienne.

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1m minimum

150cm-velo.jpgLe point noir, c'est bien souvent l'écartement vis à vis du cycliste que devraient normalement respecter tous les automobilistes en cas de dépassement. 1m en agglomération, 1.50m hors agglomération (Article R414-4 du Code de la Route).

Or, bien souvent, quand déjà il y a 1m, c'est la panacée ! Même si personne n'arrive en face, l'automobiliste ne juge pas opportun de laisser plus de 50cm pour dépasser le cycliste.

Comme si cette règle n'était d'aucune utilité. Mais un cycliste reste à la fois fragile par rapport à une voiture (encore plus face à un camion) et nettement plus instable. En cas de vent latéral, le dépasser de trop près, c'est risquer de l'aspirer ou de le déstabiliser. Au mieux, il tombera côté fossé sans trop de bobos, au pire, il tombera côté voiture ou camion et passera sous les roues.

Voilà deux phrases que j'ai souvent entendu en allant engueuler un automobiliste m'ayant dépassé de beaucoup trop près.

C'est pas ma faute, c'est celui d'en face qui n'a pas ralenti !

OU

Je ne pouvais pas m'écarter plus, il y avait une voiture en face !

Des réponses à laquelle nous avons tous eu droit. Sauf que quand une voiture double une autre voiture, elle prend soin d'attendre qu'il n'y ai personne en face. Pour un vélo, on ne prend pas la peine d'attendre.

Et pourtant, le code de la route est le même que l'on double un vélo, un tracteur ou une voiture. D'ailleurs, un automobiliste ne doit pas non plus franchir une ligne continue, même pour un cycliste, sinon, il s'expose à une amende de 135€.

Réduire sa vitesse quand on dépasse ou croise un piéton ou un cycliste

Autre règle, encore moins connue, l'Article R413-17 :

La vitesse de l'automobiliste doit être réduite lors du croisement ou du dépassement de piétons ou de cyclistes isolés ou en groupe ;

Une fois de plus, le but n'est pas d'ennuyer l'automobiliste, mais bien de protéger le cycliste qui pourrait être déporté par le souffle. Malheureusement, un conducteur qui n'a jamais été confronté à celà à vélo ne se rend pas compte du danger que cela représente pour le cycliste, qui pèse à peine 80kg (vélo plus le bonhomme).

Comment ça se passe à l'étranger ?

J'avais notamment discuté avec un espagnol qui roule très souvent partout en Europe à vélo. France, Belgique, Suisse, Italie, ... Le seul pays où il a "peur" et où les automobilistes klaxonnent pour un rien ou frôlent pour dépasser, c'est la France !

Même en Espagne, où je pensais que c'était nettement plus dangereux pour les cyclistes, il y a un énorme respect envers les cyclistes. Les nombreux français qui ont pu y faire des stages vélo pendant plusieurs jours ont été frappé par cela. Seuls les français semblent donc être allergiques à la présence d'un cycliste sur le bitume.

Ralentir, s'écarter et mettre de la distance, voilà qui semble trop compliqué pour nombre de conducteurs. Sans doute les mêmes qui voudraient que la France adopte des autoroutes à vitesse illimitée comme en Allemagne alors qu'ils ne font pas la différence entre 50cm et 1.50m !

Que faire ?

Je doute que les automobilistes concernés n'arrivent jusqu'à la lecture de cet article. En dehors de cela, deux choses me sembleraient efficace.

Meilleure sensibilisation de la part des auto-école

Dès le début de la formation à la conduite, les moniteurs devraient mettre un peu plus l'accent sur ces règles concernant les dépassements des cyclistes qui sont bien souvent à peine survolées pour l'obtention du code de la route.

Pourquoi ne pas prévoir une circulation vélo en ville obligatoire ? Les futurs conducteurs se rendraient peut-être un peu plus compte du danger que représente une voiture ou un camion lors des dépassements de cyclistes.

Des sanctions plus lourdes et une prise en compte des plaintes

Pour les sanctions plus lourdes, encore faut-il que les forces de l'ordre puissent constater sur le vif la faute. Je ne suis pas de ceux qui vont dire que les policiers ou gendarmes ne font que des contrôles de vitesse. Il est vrai que ça fait râler de ne pas voir les automobilistes insconcients verbalisés. Mais comment faire ? Mettre un policier derrière chaque cycliste ?

En revanche, les gendarmes ou policiers ne devraient pas refuser les dépôts de plainte comme ça m'est arrivé en décembre dernier.

La réponse du gendarme (à travers l'interphone) avait été surprenante !

Il m'avait indiqué que ça ne servait à rien. Pas de témoin, pas de blessé, ce n'est donc pas du pénal, je n'avait qu'à aller voir le chauffeur.
Je lui ai dis que je l'ai fait et qu'il ne veut rien savoir. Le gendarme me répond qu'ils ne pourront pas faire plus et je reste seul devant l'interphone sans que l'on daigne m'ouvrir.

Est-ce que les cyclistes vont devoir s'équiper de caméras pour obtenir des preuves ? Et même dans ce cas, est-ce que le film sera pris en compte pour un dépôt de plainte ? Pas sûr.

Il y a peu de chance de voir les mentalités changer. On continuera simplement à pester quand un cycliste se fera renverser par une voiture (avec toutes les conséquences que cela engendre, car un cycliste est aussi père/mère de famille voire un enfant !), jusqu'à la prochaine fois.

Nombreux sont ceux qui râlent contre la répression à outrance, mais au final, je me demande si ce n'est pas la seule chose que le français comprenne (et je m'inclus dedans !).