Tour-Languedoc-Feminin-2013-CLM-014.jpgPas de grand bus confortables pour ces dames. Elles arrivent dans un camion et sont donc obligées la plupart du temps de se changer sur des chaises de camping, en extérieur.
Pour l'intimité, il faudra repasser. Pas de douche possible non plus sur place. Il faut attendre d'arriver à l'hôtel le soir pour avoir une véritable douche digne de ce nom. Et encore, suivant les épreuves, il faudra faire la queue.

En témoigne Christel Ferrier-Bruneau de l'équipe Faren Let's Go Finland qui a indiqué durant ce Tour du Languedoc Féminin avoir dormi à 6 dans une chambre de 18m². Les coureurs hommes, c'est deux par chambre ! Difficile dans ces conditions de récupérer correctement.
Mais qui doit-on blâmer ? Les organisateurs, qui essaient tant bien que mal de sauver une course avec des moyens financiers limités ?

Depuis quelques années, la FFC et l'UCI semblent un peu "laisser tomber" le cyclisme féminin. Pour preuve, peu de sponsors sont près à investir dans le cyclisme féminin. Et la faible médiatisation de ce sport n'aide pas bien évidemment. Et c'est un peu "chacun pour soi" dans la course aux sponsors chez les féminines. Heureusment, dans des pays nordiques comme les Pays Bas ou la Belgique, il existe de véritables équipes (Lotto Belisol, Faren Let's Go Finland,...). En France, il me semble que nous n'avons qu'une seule équipe, Vienne-Futuroscope et qui n'était pas présente en raison de la possible annulation de l'épreuve jusqu'au dernier moment.


Tour-Languedoc-Feminin-2013-CLM-019.jpgCôté logistique et mécanique, cela n'a rien à voir non plus avec les hommes. Pas de semi-remorque dédié à la mécanique et au stockage de tous les vélos et roues de filles. Là, tout doit rentrer dans un petit camion.

Beaucoup sont équipées avec des transmissions de milieu de gamme (Shimano Ultegra, Campagnolo Chorus ou Sram Force), voire avec des groupes panachés (Shimano + SRAM). Seules les plus médiatisées roulent avec le même équipement que les coureurs pros hommes.
Ca ressemble beaucoup à une course amateur hommes comme sur la Ronde de l'Isard.
Attention, loin de moi l'idée de voir dans les cyclistes féminines des amatrices, bien au contraire. Mais force est de constater qu'elles doivent faire avec les moyens du bord ! Et les cyclistes féminines doivent en échange faire de nombreux sacrifices, dont celui de mettre entre parenthèse leur vie de "mère". Être cycliste pro n'est déjà pas simple, mais tomber enceinte durant sa carrière semble impossible avant la retraite. Un homme, lui, n'a pas ce problème.

Et concernant les salaires, je suppose que les meilleures féminines doivent tout juste gagner ce qu'un équipier homme gagne. A titre d'exemple, celle qui va remporter ce Tour du Languedoc gagnera 1415€ seulement.

En 2011, alors que les cyclistes hommes faisant partie de l'UCI ont droit à un salaire minimum(25300€/an pour un Néo Pro en Continentale, 29370€/an pour un UCI Pro Team), Pat McQuaid a déclaré que le cyclisme féminin n'était pas assez développé pour qu'un salaire minimum soit imposé. Résultat, peu de cyclistes féminines vivent du cyclisme et beaucoup sont obligées d'avoir un job à côté.
A se demander si le cerveau de Pat McQuaid s'est développé !

Tour-Languedoc-Feminin-2013-CLM-002.jpgDommage, car le spectacle n'en est pas moins intéressant et les performances de très bon niveau. Et le professionnalisme de ces filles pour vivre de leur métier est tout aussi présent. Les SRM et autres capteurs de puissances sont nombreux.
Heureusement, on parle plus des filles du côté du cyclo-cross et du VTT. Mais le cyclisme sur route a encore beaucoup de chemin à parcourir. Messieurs de chez ASO, à quand une nouvelle grande boucle féminine ? Et les marques de vélo qui communiquent tant sur leurs modèles femmes, pourquoi pas de sponsoring dans le cyclisme féminin pro ?

Bref, le cyclisme féminin mérite bien mieux que de simples vélos aux couleurs roses pour réellement se conjuguer avec "elle". Ci-dessous, un bon reportage sur le sujet réalisé par France 3 lors de ce Tour du Languedoc (et au passage, vous me verrez derrière Christel Ferrier-Bruneau pendant son interview...mais je suis loin).