Ca vous apprendra à être sur la route !

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Nous étions environ 8 du club, en file indienne. J'étais premier de la file pour imprimer un rythme correct de 28km/h pour ne pas gêner trop longtemps sur cette portion de route où il y a un peu de circulation.

Au bout de 8 kilomètres (pour ceux qui connaissent, juste avant le feu de Grenade sur Garonne, en venant d'Ondes), un camion nous double après avoir patienté le temps qu'il n'y ait plus aucun véhicule en face. Un camion du même type que la photo de gauche, et qui a délibérément serré tout le monde, m'obligeant à rouler dans l'herbe si je ne voulais pas être accroché par la dernière remorque. Pas de chute, mais ce n'est pas passé loin. Si j'avais été accroché, il y a de fortes chances pour que je sois passé sous les deux essieux de la dernière remorque.

Comme souvent dans pareil cas, mon sang n'a fait qu'un tour et vu que nous arrivions en ville, je me suis lancé à sa poursuite, laissant les collègues de club seuls.

Après plus d'un kilomètre de poursuite, à la faveur de travaux sur la route, je le rattrape et l'interpelle.

Ce dernier m'a dit "ça vous apprendra, vous les cyclistes, à être sur la route et emmerder tout le monde. Moi, je travaille ! Vous nous faites chier à emprunter des grandes routes à 25km/h, restez sur les petites routes de campagne."

Nous étions sur une départementale pour rejoindre des petites routes de campagne. Parfois, nous sommes bien obligés d'emprunter des routes où il y a un peu de monde. Et jusqu'à preuve du contraire, ce n'est pas interdit et je ne pense pas que ça mérite de mettre en danger des gens.

Après plusieurs insultes de ma part et coups de poings dans sa porte (je sais, ce n'est pas intelligent, mais à un moment, faut relacher la pression), il a de nouveau démarré et m'a volontairement serré une fois de plus. Je l'ai invité plusieurs fois à descendre de sa cabine, mais non, il est bien resté au chaud. C'est sûr que c'est courageux de faire la malin avec un 40T face à un cycliste de 75kg.

Après avoir tenté de rattraper les collègues du club, en vain, demi-tour, je n'avais plus la tête à rouler, pensant à ma femme, mes enfants.

Des forces de l'ordre impuissantes tant qu'il n'y a pas d'accident

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Sur le chemin retour, j'ai pu  discuter avec des gendarmes qui étaient en train de faire des contrôles à un rond point près de chez moi. Je leur ai demandé ce qu'il fallait faire. Malheureusement, l'arsenal juridique ne leur permet pas d'agir tant qu'il n'y a pas accident. Au mieux, ils m'ont dit de contacter l'entreprise par courrier si elle est mentionnée sur le camion.

Mais sans accident, pas d'activation de procédure pénale. Les gendarmes eux-mêmes étaient désolés pour moi, car comme ils me disent, souvent, si accident il y a entre camion/auto et cycliste, le cycliste trinque (au mieux). Et même dans ce cas, le conducteur du véhicule, en arguant qu'il n'avait pas vu le cycliste ou que ce dernier a été déporté par le vent, repartira avec au mieux une peine légère avec sursis.

Jusqu'où prendre sur soi ?

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Comme beaucoup le savent, le vélo est ma passion, mais aussi mon boulot via Matos Vélo. Arrêter une passion, c'est déjà difficile, mais de mon côté, ça impliquerait aussi une reconversion. Et je me vois mal arrêter Matos Vélo.

Mais je me vois aussi mal continuer à "survivre" sur la route jusqu'au jour où ça ne passera pas et c'est le Gendarmerie qui viendra annoncer à ma femme et mes enfants que papa est resté collé au bitume ou à la roue d'un camion.

J'en viens presque à souhaiter que mes enfants ne fassent pas de vélo de route à l'avenir. Plutôt du VTT, voire du foot ou du rugby. Au moins sur un stade, ils seront plus protégés.

Oubliées les années où j'avais 13/14 ans et où je pouvais rouler avec les copains à plusieurs dizaines de kilomètres de la maison sans aucune voiture qui ne nous mette en danger. Certes, c'était il y a 25 ans, mais pourquoi donc la route est-elle devenue une véritable jungle aujourd'hui ?

Reflet des incivilités de la vie quotidienne, d'un non respect généralisé d'autrui ? C'est quand même grave et les comportements de certains sont véritablement dangereux. Ce ne sont plus des accidents, mais bien des homicides !

Que faire pour arrêter ces incivilités ?

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Déjà, merci aux cyclistes de ne pas se croire au-dessus des lois (oui, pour une fois, commençons par notre comportement, qui n'est pas exempt de reproches). Nous n'avons déjà pas une excellente image auprès des conducteurs, mais si en plus nous roulons à 3 ou 4 de front, grilllons les feux, grillons les stop, etc, notre image ne fera que se détériorer.

Mais au-delà de ça, bien sûr, c'est aux conducteurs de véhicules, qui, protégés par leurs carrosseries, devraient faire attention aux plus faibles. LA ROUTE N'EST PAS RESERVEE AUX VEHICULES A MOTEURS !

A quand une une véritable campagne de la sécurité routière pour rappeler les règles concernant le dépassement des cyclistes ? Et pas une campagne qui n'est diffusée que pendant les épreuves cyclistes ! Ceux qui n'aiment pas les cyclistes ne regardent pas le championnat de France de cyclo-cross le dimanche après-midi.

Dashcam ?

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Les dashcam, ce sont ces caméras installées dans les véhicules pour enregistrer ce que le conducteur voit.

Une entreprise a d'ailleurs créé un véritable caméra dédiée aux cyclistes à visée sécuritaire, la Fly6. Va-t-il falloir que l'on parte désormais faire du vélo avec une caméra avant et une caméra arrière ?

Mais je crois que ce type de vidéo n'est pas recevable pour un dépôt de plainte malheureusment. Là encore, il faut attendre un accident.

Bref, je désespère de cette situation et attend vivement que le Ministre des Transports et la sécurité routière prennent le problème à bras le corps. Si l'on veut développer les modes de déplacement doux du type vélo, ça passe aussi par des campagnes pour que les conducteurs respectent un peu plus les vélos. Car je comprends tout à fait qu'un cycliste qui part bosser pour la première fois et se fait frôler par une voiture / camion, délaisse son vélo pour sa voiture.